Petit diable
adorable
aux cheveux bruns et puissants!
Câline et mièvre,
je suce ta lèvre:
évanouissements lents . . .
Sombres, tes lèvres
chaudes de fièvres,
sinistres comme des fleurs,
luisantes sous la lune!
Fiévreuse petite brune,
tu me violes les heures!
Ta langue insinuante
trop rouge et violente:
serpent plein de poison . . .
Je respire toujours
— toutes les nuits, tous les jours
ton parfum de venaison.
Les soirs de Septembre
aux odeurs tièdes d’ambre
vivent, lents, dans tes cheveux.
Vénéneuse petite brune,
tu naquis sous la lune
dans une nuit brune et bleue!
Tu naquis dans une nuit
ou tout tremblait de vie,
une vaste nuit amoureuse,
tout inondée de lune . . .
Elle a fait, petite brune,
ton haleine fiévreuse . . .
Je trouve dans tes mains,
dans tes yeux et tes reins
la lune trouble et tremblante.
Cruelle petite Ève,
je trouve la sève
d’une chaude nuit haletante!