Descends, ô liberté ! fille de la nature :
Le peuple a reconquis son pouvoir immortel ;
Sur les pompeux débris de l’antique imposture
Ses mains relèvent ton autel.
Venez, vainqueurs des rois : l’Europe vous contemple ;
Venez ; sur les faux dieux étendez vos succès ;
Toi, sainte liberté, viens habiter ce temple ;
Sois la déesse des Français.
Ton aspect réjouit le mont le plus sauvage,
Au milieu des rochers enfante les moissons ;
Embelli par tes mains, le plus affreux rivage
Rit, environné de glaçons.
Tu doubles les plaisirs, les vertus, le génie ;
L’homme est toujours vainqueur sous tes saints étendards ;
Avant de te connaître, il ignorait la vie :
Il est créé par tes regards.
Au peuple souverain tous les rois font la guerre ;
Qu’à tes pieds, ô déesse, ils tombent désormais !
Bientôt sur les cercueils des tyrans de la terre
Les peuples vont jurer la paix.