Tu réveilles ta maîtresse,
Minette, par tes longs cris.
Est-ce la faim qui te presse ?
Entends-tu quelque souris ?
Tu veux fuir de ma chambrette,
Pour courir je ne sais où.
Mia-mia-ou ! Que veut minette ?
Mia-mia-ou ! c’est un matou.
Pour toi je ne puis rien faire ;
Cesse de me caresser.
Sur ton mal l’amour m’éclaire :
J’ai quinze ans, j’y dois penser.
Je gémis d’être seulette
En prison sous le verrou.
Mia-mia-ou ! Que veut minette ?
Mia-mia-ou ! c’est un matou.
Si ton ardeur est extrême,
Même ardeur vient me brûler ;
J’ai certain voisin que j’aime,
Et que je n’ose appeler.
Mais pourquoi, sur ma couchette,
Rêver à ce jeune fou !
Mia-mia-ou ! Que veut minette ?
Mia-mia-ou ! c’est un matou.
C’est toi, chatte libertine,
Qui mets le trouble en mon sein.
Dans la mansarde voisine
Du moins réveille Valsain.
C’est peu qu’il presse en cachette
Et ma main et mon genou.
Mia-mia-ou ! Que veut minette ?
Mia-mia-ou ! c’est un matou.
Mais je vois Valsain paraître !
Par les toits il vient ici.
Vite, ouvrons-lui la fenêtre :
Toi, Minette, passe aussi.
Lorsqu’enfin mon cœur se prête
Aux larcins de ce filou,
Mia-mia-ou ! que ma minette,
Mia-mia-ou ! trouve un matou.