Une âme vint du ciel sur terre
— rayon issu du sein de Dieu.
Une âme vint du ciel sur terre
passer un temps en ce bas lieu.
Son existence fut féconde
en doux bonheur dès son réveil —
comme une fleur que berce l’onde
un jour d’été au grand soleil.
Mais au plus beau de sa carrière,
au comble de son joyeux sort,
Dieu Tenvoya chercher sur terre
un jour par l’ange de la mort.
„Seigneur,” dit l’ange au sombre voile
„tu vas la rompre eu plein bonheur.
Aussi vers toi de son étoile
me suivra-t-elle à contre-coeur.
Attends, Seigneur, que sa jeunesse
se courbe sous le poids des ans!
Attends qu’un voile de tristesse
cache ses cieux resplendissants!”
Mais Dieu lui dit: „Je la réclame.
Son temps d’exil va s’écouler.
Elle est à moi, à moi cette âme!
Vas, fends les airs me la chercher!
Peut-étre à ton appel supreme
te dira-t-elle: „Ah, Dieu — déjà!
Déjà quitter tout ce que j’aime!”
Mais, ange, l’âme obéira.”
— Et l’ange, l’oeil mouillé de larmes,
vint rompre de sa froide main
ces liens terrestres, pleins de charmes . . .
Mais l’âme — l’âme dit: „Enfin!”