Oh! que l’été brille ou s’éteigne,
Pauvres, ne désespérez pas!
Le Dieu qui souffrit et qui règne
A mis ses pieds où sont vos pas!
Pour vous couvrir il se dépouille;
Bon même pour l’homme fatal
Qui, comme l’airain dans la rouille,
Va s’endurcissant dans le mal!
Tendre, même durant l’absinthe,
Pour l’impie au regard obscur
Qui l’insulte sans plus de crainte
Qu’un passant qui raie un vieux mur!
Ils ont beau traîner sur les claies
Ce Dieu mort dans leur abandon;
Ils ne font couler de ses plaies
Qu’un intarissable pardon.
Il n’est pas l’aigle altier qui vole,
Ni le grand lion ravisseur;
Il compose son auréole
D’une lumineuse douceur!
Quand sur nous une chaîne tombe,
Il la brise anneau par anneau.
Pour l’esprit il se fait colombe,
Pour le coeur il se fait agneau!
Vous pour qui la vie est mauvaise,
Espérez! il veille sur vous!
Il sait bien ce que cela pèse,
Lui qui tomba sur ses genoux!
Il est le Dieu de l’évangile;
Il tient votre coeur dans sa main,
Et c’est une chose fragile
Qu’il ne veut pas briser, enfin!
Lorsqu’il est temps que l’été meure
Sous l’hiver sombre et solennel,
Même à travers le ciel qui pleure
On voit son sourire éternel!
Car sur les familles souffrantes,
L’hiver, l’été, la nuit, le jour,
Avec des urnes différentes
Dieu verse à grands flots son amour!
Et dans ses bontés éternelles
Il penche sur l’humanité
Ces mères au triples mamelles,
La nature et la charité.