Mais toi! rien s’atteindra ta majesté pudique,
Porte sainte! jamais ton marbre véridique
Ne sera profané.
Ton cintre virginal sera pur sous la nue;
Et les peuples à naître accourront tête nue
Vers ton front couronné!
Toujours le pâtre, au loin accroupi dans les seigles,
Verra sur ton sommeil planer un cercle d’aigles.
Les chênes à tes blocs noueront leur large tronc.
La gloire sur ta cime allumera son phare.
Ce n’est qu’en te chantant une haute fanfare
Que sous ton arc altier le siècles passeront!
Jamais rien qui ressemble à quelque ancienne honte
N’osera sur ton mur où le flot des ans monte
Répandre sa noirceur.
Tu pourras, dans ces champs où vous resterez seules,
Contempler fièrement les deux tours tes aïeules,
Ne mêle à tes lauriers son feuillage hideux!
Tandis que ces cités, dans leurs cendres enfouies,
Furent pleines jadis d’actions inouïes,
Ivres de sang versé,
Si bien que le seigneur a dit à la nature:
Refais-toi des palais dans cette architecture
Dont l’homme a mal usé!
Aussi tout est fini. Le chacal les visite;
Les murs vont décroissant sous l’herbe parasite;
L’étang s’installe et dort sous le dôme brisé;
Sur les Nérons sculptés marche la bête fauve;
L’antre se creuse où fut l’incestueuse alcôve.
Le tigre peut venir où le crime a passé!