Oui, je veux t’obéir : je jure d’enchaîner
Ces transports indiscrets dont l’ardeur t’épouvante ;
Je jure, au nom des dieux, de ne plus profaner
Cette aimable pudeur qui m’irrite et m’enchante.
Je le jure par toi, c’est plus que par les dieux,
Ma main n’osera plus presser ta main timide ;
Mes regards moins hardis permettront à tes yeux
De cacher tes langueurs sous leur paupière humide.
Je jure plus encor : quand tu viens à pas lents,
Le front penché vers moi, me parler, me sourire,
Tu pourras, résistant à mon bras qui t’attire,
T’échapper sans efforts de mes genoux tremblants.
Je jure d’épargner la gaze transparente,
Où je vois ton beau sein, par un doux mouvement,
S’élever, s’abaisser, comme l’onde inconstante
Qu’un souffle du zéphyr balance doucement.
Jamais dans mes fureurs, jamais, je te le jure,
Je n’oserai ravir ces baisers enivrans,
Qui changent par degrés en un tendre murmure
Ton reproche et ta vois sous ma bouche expirans.
Tranquille auprès de toi, maître de ma tendresse,
Je jure, quelque ardeur dont je sois dévoré,
De te voir, t’écouter, t’admirer sans ivresse,
Je jure... On vient, c’est toi ; non, je n’ai rien juré.