Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Jeune, gentille, et bien faite,
Elle est fraîche et rondelette ;
Son œil noir est pétillant.
Prudes, vous dites sans cesse
Qu’elle a le sein trop saillant :
C’est pour ma main qui le presse
Un défaut bien attrayant.
Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Tout son charme est dans la grâce ;
Jamais rien ne l’embarrasse :
Elle est bonne, et toujours rit.
Elle dit mainte sottise,
À parler jamais n’apprit ;
Et cependant, quoi qu’on dise,
Ma Jeannette a de l’esprit.
Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.
À table, dans une fête,
Cette espiègle me tient tête
Pour les propos libertins.
Elle a la voix juste et pure,
Sait les plus joyeux refrains.
Quand je l’en prie, elle jure ;
Elle boit de tous les vins.
Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.
Belle d’amour et de joie,
Jamais d’une riche soie
Son corsage n’est paré.
Sous une toile proprette
Son triomphe est assuré ;
Et, sans nuire à sa toilette,
Je la chiffonne à mon gré.
Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.
La nuit tout me favorise ;
Point de voile qui me nuise,
Point d’inutiles soupirs.
Des deux mains et de la bouche
Elle attise les désirs,
Et rompit vingt fois sa couche
Dans l’ardeur de nos plaisirs.
Fi des coquettes maniérées !
Fi des bégueules du grand ton !
Je préfère à ces mijaurées
Ma Jeannette, ma Jeanneton.